Armand Legay

blog d'humeur et de réfléxion

Armand Legay

L’après covid 19 : l’Economie Symbiotique ou nouveau paradigme industriel et respect du Vivant. (adjonction au texte du colloque de novembre 2017 Libreville Gabon)

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Quand on parle de développement de la biomasse, il s’agit en premier lieu de développement durable dans sa définition en science écologique et économique. La situation climatique (et la pandémie du covid 19 qui y est liée) sont telles sur la planète que les dernières forêts et zones naturelles endémiques de la biosphère, sont et pourraient être un exemple de sauvegarde pour un nouveau paradigme éco rural, d’agroforesterie et de nouvelle économie industrielle planétaire respectueuse pour la biosphère. Soit faire un retour équivalent aux cinq règnes[1] du vivant de ce que nous leurs exploitons. En zones urbaines des exemples existent aussi à travers le monde nous guidant vers cette économie symbiotique.

En ce sens, un ensemble d’expertises scientifiques coopèrerait : sciences sociales, économiques, urbaines, biologiques, chimiques, médicales, industrielles, agronomiques, géographiques, informatiques (des systèmes,  de l’artificiel) etc…

L’hypothèse générale serait de travailler à une nouvelle coopération scientifique vers une « économie symbiotique » comme l’est, plus ou moins, la coopération des règnes de la biomasse. Cette économie, respectueuse du vivant est peut-être la dernière chance pour l’humanité. Sans le règne végétal nous n’existerions pas.

Nous irions alors vers une expertise pluridisciplinaire axant la recherche sur l’absolue nécessité de préserver l’environnement en exploitant la biomasse autrement, en lui rendant autant que ce qu’elle nous donne. L’expertise se ferait sur tout ce qui se rapporte aux besoins de l’homme et aux besoins des autres règnes du vivant ainsi que celui des animaux dont nous faisons partie. Il s’agirait de travailler à une relation « donnant-donnant » entre ces cinq règnes. Autres que les ressources minérales, les exemples sont nombreux : agro foresterie, élevage, permaculture, énergies, industries et matériaux de construction, cosmétologie, chimie végétale, développements dans le respect des biocénoses de la biomasse, etc…

C’est ce que doit permettre cette nouvelle voie pour l’ingénierie rurale, agro, urbaine et industrielle et exploitation de la biomasse plutôt que d’extraire de la croûte terrestre toutes nos énergies fossiles non renouvelables.

Qu’est-ce que la biomasse ?

En écologie

La biomasse se réfère à la masse totale des organismes vivants présents à un moment donné dans un biotope particulier, terre ou mer. L’homme en fait partie. Il représente 0,1% massique de celle-ci. La communauté d’espèces animales ou végétales en équilibre dynamique plus ou moins stable dans un territoire défini, ayant la plus forte biomasse possible est fonction d’un climat approprié. Souvent, elle est estimée en unité de surface ou de volume plutôt qu’en masse absolue : « La biomasse comprend tous les organismes vivants ainsi que les produits de déchets organiques. La densité de biomasse représente la quantité de biomasse sèche par unité de surface. Pour les continents la densité moyenne est de 10-12 kg/m2. La plus grande partie de cette biomasse est constituée de phytomasse, la partie non végétale ne représentant que 1%. La photosynthèse est l’agent principal pour la production de biomasse. L’énergie lumineuse est utilisée par les végétaux pour produire des composés organiques riches en énergie. Plus de 200 milliards de tonnes de gaz carbonique sont convertis en biomasse par an. L’océan contient une biomasse importante : le plancton. Le microscopique plancton végétal, le phytoplancton, produit autant de nourriture par photosynthèse à partir d’éléments minéraux grâce à la lumière solaire que tous les végétaux terrestres. La masse du phytoplancton mondial est pourtant 500 fois moindre, mais il se renouvelle complètement en quelques jours, alors qu’une plante vit en moyenne dix ans. Plus de 90% de la biomasse océanique est composée de microorganismes. Surface totale de la Terre : 510 000 000 km2. Surface des terres émergées (29%):148 000 000 km2. Surface des mers (71%): 362 000 000 km2 »[2].

Dans le domaine des énergies

La biomasse appliquée aux énergies est plutôt celle qui correspond à la totalité des masses de matières organiques d’origine vivante à visée énergétique, comme le bois-énergie par exemple. Cette masse vivante est aussi considérée du point de vue de l’énergie que l’on peut en obtenir par combustion ou fermentation (gaz de broussaille, gaz de fumier, gaz de bois, biocarburants). Des filières industrielles nouvelles se développent rapidement (agrocarburants, granulés de bois, méthanisation industrielle), générant des tensions sur certaines ressources, avec de nouveaux risques de surexploitation  et/ou de substitution de cultures vivrières par des cultures énergétiques. En 2014 selon l’AIE la biomasse pouvait fournir 90,2 GW (gigawatt) d’énergie (10 % environ de l’énergie primaire consommée dans le monde) et elle fournissait 370 TWh (térawatt heure) d’électricité (en 2012, soit environ 1,5 % de toute l’électricité) et 4 % environ des carburants routiers.

Exemple d’agro-carburants

Pour mieux expliquer l’utilisation de la biomasse, l’exemple du développement des agro carburants, en particulier sur l’alcool carburant ou bio éthanol est probant. L’homme l’a produit et l’a transformé en un produit cultuel puis culturel.

Cette technique ancestrale thermodynamique de l’alambic (IVe Millénaire av. J.C. pour le parfum) devient l’art distillatoire. De façon télescopique, c’est une sorte d’emboîtements ou techniques affluentes[3] selon Bertrand Gille menant à la distillation, au raffinage du pétrole et pour le futur proche au raffinage de la biomasse.

Avant un hypothétique bouquet énergétique pour 2050, après le pic du pétrole, avec les biocarburants et le bioéthanol, l’industrie lourde se perdure dans la tradition industrielle avant une rupture énergétique.

D’ailleurs, un accord de coopération commercial a été signé le 9 mars 2007 entre les Etats-Unis et le Brésil. Cet accord est en fait la première pierre au grand marché mondial de cette matière première qu’est le bioéthanol, tout en sachant que la Chine en est le troisième producteur mondial et qu’elle a le grand projet de faire fonctionner son parc automobile avec une mixité importante d’alcool.

S’ouvre donc depuis cette date au niveau international une mutation énergétique et par conséquent économique dans ce nouvel eldorado, paradigme ou terrain d’essai qu’est la biomasse de la planète.

Les trois grands axes de l’exploitation de la biomasse

1) Les bioénergies avec les carburants de première génération sans utiliser la plante entière (fermentation des sucres, huiles) et deuxième génération où le végétal est utilisé complètement pour la production non seulement de biocarburants, mais aussi de chaleur et d’électricité. La troisième génération utilise des algues marines pour la capture du CO2. Il y a aussi la voie alothermique (4500°) nécessitant de l’énergie électrique.

2) Les biomatériaux pour la fabrication de bioplastiques 100 % dégradables à partir d’alcools et de glycol pour remplacer ceux issus du pétrole, mais aussi autant de matériaux provenant de la biomasse dans la construction de bâtiments (fibres et bois)

3) La chimie dont la matière première, le pétrole, peut être remplacé avantageusement par les végétaux et l’alcool pour la chimie de synthèse (médicaments), pour des productions industrielles par exemple le caoutchouc (pneus) et des tensioactifs comme les savons ou produits de beauté, ainsi que la fabrication de lubrifiants et de solvants.

Depuis 2002, dans tous les pays à partir de la recherche faite par nombre d’universités et de laboratoires privés sur la fermentation et l’utilisation de la biomasse, des sociétés privées, des compagnies pétrolières, de grands groupes coopérateurs investissent dans ce nouveau paradigme industriel. En France, on assiste à une accélération d’investissements dans ces trois axes.

Projet Biocoup

Un projet européen baptisé BIOCOUP (co‑traitement de bio‑liquides dans des unités conventionnelles de raffinage pétrolier) a été lancé en mai 2006. Il a des ambitions plus larges puisqu’il a pour objet de développer un procédé industriel permettant d’intégrer de la biomasse liquide directement dans les raffineries traditionnelles de pétrole pour produire des carburants contenant une part de biomasse. Au lieu de mélanger les biocarburants aux carburants traditionnels en sortie de raffineries, la biomasse serait intégrée en amont.[4] Ce projet pourrait, s’il était adopté réduire à néant toutes les ambitions de développement de filières distinctes et indépendantes en bio énergies et autres productions issues de la biomasse. [5]

L’alcool carburant en France.

Entre 1950 et 1990, notre pays avait une avance européenne dans l’alcool carburant qu’elle a perdue ensuite au profit de l’Allemagne et de l’Espagne. L’abandon de la production d’alcool et de la chimie de l’alcool provient de divers décrets gouvernementaux après la guerre de 39-45 au profit de la pétrochimie et du nucléaire. En même temps, le parc nucléaire est projeté quand politiquement les filières alcool et biocarburant, pétrole, et énergie atomique auraient pu se développer distinctement ; ce que nous faisons tardivement aujourd’hui.

Dans ce paradigme qui est en place, des risques existent. Ce rationalisme et cette hyperspécialisation issu du machinisme du XIXe siècle et du technicisme actuel peuvent-ils exploiter cette biomasse en respectant ce vivant ? L’homme dans ce rationalisme a-t-il la capacité scientifique, technique et philosophique de respecter cette nature qui lui a donné la vie ou va-t-il par esprit de puissance et de cupidité issu de ce rationalisme se prendre pour un surhomme ?

Des enjeux mondiaux et luttes d’intérêt existent pour la préservation des intérêts, soit financiers, collectifs ou d’économie mixte. De plus, des risques semblent être sous-estimés, en l’occurrence les conséquences des mutations économiques sur les structures sociales, urbanistiques et la biomasse dont nous faisons partie. Est-ce que d’autres risques de conflits sociaux à l’échelle des régions, des pays et de la planète avec des conflits guerriers peuvent voir le jour si les populations ne sont pas informées, cultivées, de ce paradigme avec participation démocratique aussi bien dans les pays riches que pauvres ?

Modifications d’ici à 2050

L’étude « démarche, prospective et transports pour 2050», faite en mars 2006 par le Conseil Général des Ponts et chaussées de l’Etat français donne quatre scénarios énergétiques pour 2050. Si l’on ne peut prévoir quel sera notre niveau de vie pour 2050 en Europe, la complexité de ces quatre scénarios peut laisser entrevoir au moins quelques schémas, soit :

1) De  technologies énergétiques très performantes.

2) De repli et de déclin avec faible croissance de l’économie et des revenus.

3) De développement des échanges et de la richesse.

4) De coût élevé de l’énergie et d’intégration régionale et de crise  économique ou énergétique,

Selon ces scénarios, il peut y avoir perte de liberté.

Des risques

Cette perte de liberté est-elle alors compensée par la production déjà actuelle d’objets techniques biodégradables et d’outils informatiques générant de nouvelles libertés ou bien assistons-nous à un capitalisme numérique contraignant toutes libertés ? Un autre risque se retrouve dans la chasse aux hectares de forêts et de plantes végétales pouvant être converties en carburants liquides. Déjà, l’appât du gain étant le plus fort, des investissements se font au détriment des plantes nourricières.

La nécessité pour les pétroliers et l’agro-industrie est d’avoir de grandes étendues cultivables. Un pays comme le Brésil peut encore satisfaire à cela où il est possible d’exproprier de nombreuses terres avec des risques pour les populations agricoles sans terre et la forêt amazonienne.

Cette situation liée au droit foncier dans les pays en émergence peut engendrer, provoquer des risques de conflits qui s’accumuleront avec encore plus de malnutrition, si des mesures en sciences et techniques, mais aussi en politique de gestion des sols sur les biocarburants et sur les biotechnologies, ne sont pas prises, sans oublier l’incidence du changement climatique sur la végétation et les continents.

Un autre risque est que cette économie globale des biocarburants ne formule, comme l’économie de traite, une surexploitation de la main d’œuvre des pays pauvres pour alimenter les pays riches en carburants.

Si dans ce paradigme[6] scientifique et technique des espoirs sont possibles, les rationalismes qui y œuvrent sont autant ceux que l’on retrouve dans le technicisme et le système de production d’aujourd’hui et d’hier. Ceux-ci, matérialistes ou cultuels, peuvent mener à des extrêmes, donc à l’irrationalisme comme l’a défini Max Weber et qui a conduit, et conduit toujours, à des formes de gouvernements extrêmement dirigistes.

Une autre forme d’entrepreneuriat

Pareil à une hybridation biochimique toujours aléatoire, avec la mise en place effective des quatre pôles du développement « soutenable, renouvelable, et viable », pour l’homme et toutes les espèces vivantes, l’entreprise, unité de production de biens ou de services ne pourra plus être uniquement au service de la rémunération du capital financier, mais aussi au service d’un capital autrement plus important pour la survie de la biosphère, la biomasse dont nous faisons partie.

Une autre rationalité venant d’une technologie politique respectueuse du vivant se mettrait en place. En effet, la technique influence les comportements humains pour son utilisation et son entretien, souvent de façon inconsciente. Elle est politique dans le sens où elle véhicule des savoirs et un symbolisme modifiant constamment notre mode de vie et la structure de nos sociétés.

Ces changements sont alors provoqués par la modification des rapports de production dus à cette reproduction énergétique, du tout pétrole vers le bouquet énergétique de ce nouveau paradigme. Pour que des risques et conflits de toutes natures provoqués par ce changement structurel n’empêchent pas de rendre caduques des perspectives, les aspects collectifs de débats contradictoires favorisant la réflexion doivent être poursuivis pour le futur. Les populations, les chercheurs, l’expertise scientifique, les sciences sociales et physiques ont là, toute leur place pour accompagner cette accélération et modification énergétique non linéaire.

La recherche, les contenus et savoirs, à condition que les décideurs et politiques y souscrivent, ont une place prépondérante dans cette construction d’une technologie et biotechnologie politique. Accompagnant cette mutation pourraient survenir de nouveaux comportements individuels et responsables venant du monde profane, donnant naissance à des sujets croyants, cherchants, connaissants et sachants.

Un printemps pour la recherche et l’intervention sociale pourrait-il alors survenir ? En ce sens des interventions contradictoires du plus grand nombre dans les principes de développement durable pourraient être bénéfiques pour le futur.

Le développement durable (DD) outil de gestion de la biomasse

Exprimée par la Présidente de la Commission mondiale pour l’environnement et le développement des Nations Unies dans son discours de 1987 devant cette Assemblée, Madame Gro Harlem Brundtland vise en premier les pays et les populations les plus démunis.

Plusieurs sens au concept de développement durable sont donnés. Certains parlent d’éco efficience entre environnement et entreprises au service de la collectivité, d’autres de développement raisonnable dans l’industrie et l’agro-industrie, d’autres encore de développement dans le respect du vivant. Le développement durable comporte trois colonnes selon le discours de M. Brudland, plus une autre venue se greffer sur les trois premières, la santé :

Colonnes du DD

1) Colonne environnementale :

Cette colonne vise à préserver, améliorer et valoriser les pays, les territoires choisis à partir des entités économiques existantes ou à créer. Un accent est mis sur l’environnement au sens large, allant des espaces urbains aux espaces ruraux et leurs ressources, des sources d’emplois futurs dans l’exploitation de la biomasse. Cette efficacité environnementale, rentable dans le cadre du raffinage des énergies fossiles et de la biomasse, devrait l’être dans le respect de la nature et de son écologie aussi en termes d’agriculture et d’aménagement du territoire.

2) Colonne économique :

Développement d’objectifs de croissance et d’efficacité des entités économiques du territoire ou du pays sur lequel sont prévues les actions environnementales. Cela suppose la prise en compte du développement durable à long terme par les entreprises et de son impact sur celle-ci. L’éthique des affaires est à revoir (corruption, entente, abus de position)

3) Colonne sociale :

Cette colonne vise non seulement à satisfaire les besoins humains et à répondre à des objectifs d’équité et de cohésion sociale, mais aussi, à accompagner les changements comportementaux qui sont déjà effectifs dans les économies. Ce pilier englobe notamment les questions de santé, de logement, de consommation, d’éducation, d’emploi et de culture.

4) Colonne Santé :

Cette quatrième colonne, nouvelle dans le concept du DD, mais continuant la troisième colonne, englobe la santé durable avec sept points principaux selon une étude internationale pour 2020 : La recherche d’une vision partagée, une infrastructure informatique robuste, un ajustement des systèmes d’incitation, une standardisation de la qualité et de la sécurité, une répartition stratégique des ressources, un climat d’innovation, des acteurs et des structures de soins adaptables[7].

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Ces quatre colonnes de développement durable devraient répondre à trois principes :

Les 3 principes du DD

1) Principe de solidarité : solidarité entre les peuples et les générations.

2) Principe de précaution et de responsabilité : se donner la possibilité de revenir sur des actions lorsque leurs conséquences sont aléatoires ou imprévisibles.

3) Principe de participation : associer la population aux prises de décision.

Les trois fonctions symboliques du DD

Dans ce concept de Développement Durable de la biomasse existent les trois fonctions symboliques majeures définies par Georges Dumezil parmi ses trois premières colonnes : le sacré, la guerre et la masse de producteurs dans le cadre de ses études sur les civilisations indo-européennes. En effet, selon la théorie de cet auteur par similitude on retrouve dans la colonne environnementale l’aspect mythique ou sacré, ce qui est à respecter, à vénérer. Dans celle de l’économie se situent alors la compétition, le combat, les conflits économiques et guerriers. Pour la dernière on retrouve la masse de producteurs consommateurs.

La fonction symbolique du DD se décline donc dans une éthique de protection de l’environnement où les contradictions se retrouvent dans les aspects décrits, valeurs de la nature (respect de l’environnement quasi religieux), rationalité (économie) ou encore sociales (producteurs-consommateurs). Cette forme d’exploitation de la nature devrait préserver le futur de l’humanité sur la planète. Cela, pour respecter cette biomasse comme la médecine respecte le métabolisme du corps humain.

« Tous les clignotants macroéconomiques de notre vie quotidienne sont passés à l’orange. Nous avons aujourd’hui tous une idée plus claire du changement climatique, des problèmes de santé, de précarité, d’éducation, de pollution, d’hygiène alimentaire. Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins. Le développement sera ce que nous incarnons ou ne sera pas. Serons-nous capables d’entrer et d’habiter ce nouveau paradigme ? »[8]

Une troisième voie dans l’économie de la biomasse planétaire : l’économie symbiotique ou gestion symbiotique des biocénoses[9] et des sociétés humaines.

Une troisième voie est-elle possible ?  Bien des devanciers l’évoquent, Serge Moscovici, Psychologue, Edgar Morin, Sociologue et Philosophe français Philippe Roqueplo, Polytechnicien, Sociologue, et bien d’autres comme Stéphane Mancuso, Biologiste, Professeur de botanique, Jean Marie Pelt, Pharmacien, Professeur en botanique, Robert Hofrichter, Zoologue et Naturaliste, Peter Wohlleben, Ingénieur Forestier, Auteur, Isabelle Delanoy, Ingénieure agro, etc…

Cette troisième voie tiendrait compte de l’aléatoire et des formes non linéaires de la construction des structures sociales humaines et des règnes du vivant de ce nouveau paradigme qui pourrait se mettre en place. Les ressources seraient prises parmi les règnes de la biomasse qui coopèrent, communiquent et sont plus ou moins solidaires entre eux.

Il s’agirait alors d’étudier toutes les données scientifiques autant des sciences dures que des sciences humaines pour une veille permanente, un tableau de bord en temps réel des avancées scientifiques et techniques à intégrer pour le respect de vivant, une métamorphose pour une nouvelle gouvernance. Ces études et recherches s’interconnecteraient alors en permanence dans la construction de ce paradigme prenant en compte l’activité humaine et sa valeur travail pour assurer sa subsistance et dégager des intérêts financiers pour investir dans le respect du vivant, de la biomasse dont nous faisons partie. La société humaine, 0,1 % massique, serait partie prenante de l’ensemble et du respect de l’hôte qui nous donne vie, soit les 99.9 % des biocénoses de la planète, et l’on sait aujourd’hui que l’intelligence n’est pas qu’humaine. Chez les animaux des preuves existent. Aujourd’hui, les dernières recherches de naturalistes nous apportent la certitude que les plantes ont une forme de pensée. En effet : « malgré 1’absence de tout organe assimilable à un cerveau central, les plantes perçoivent leur environnement avec une sensibilité bien supérieure à celle des animaux ; elles rivalisent activement pour l’obtention des ressources limitées disponibles dans le sol et dans l’atmosphère ; elles procèdent à une évaluation précise des circonstances et elles se livrent à des analyses sophistiquées des coûts et des bénéfices de toute opération ; enfin, elles définissent et entreprennent des actions appropriées aux stimuli venus de leur milieu. Elles nous proposent ainsi des solutions nouvelles à nos problèmes dont il serait judicieux de nous inspirer, surtout à une époque ou la perception du changement et la capacité à innover ont acquis une importance fondamentale. »[10]

L’avenir n’est pas que le changement climatique, (il est autre aujourd’hui avec la pandémie du covid 19). Ce risque plus que majeur est celui qui fera prendre conscience de la nécessité d’œuvrer vers une gestion symbiotique de la biomasse et des sociétés humaines. Si l’on veut laisser à nos descendants un monde viable, il n’y a que cette solution où la cupidité financière, industrielle et hyperspécialisée ne pourra qu’être réduite et contrôlée et remplacée par la coopération ; ce que nous montre le règne végétal en phytosociologie qui coopère avec d’autres végétaux et d’autres règnes dont le règne des mycètes (champignons).

Ainsi une nouvelle ingénierie de production agricole, rurale, industrielle en symbiose avec les diverses biocénoses verrait le jour. Bien sûr existent déjà des productions de biens de consommation écologiques qui respectent les sols et la nature. Mais j’émets le vœu d’aller plus loin que cette production. Il s’agit de produire non seulement des biens pour les humains mais en même temps de nous associer et de coopérer avec le milieu naturel auquel nous prenons, pour lui donner en échange un bien pour sa préservation et son évolution. Je prendrais un exemple en Inde où la tribu Khasi, isolée dans la forêt tropicale, a appris depuis plus de 500 ans à guider et tresser les racines vivantes d’arbres pour les transformer en ponts. Ces prouesses végétales sont formées grâce à un savant tressage des racines des arbres figuiers caoutchouc (Ficus elastica), des arbres à la croissance rapide et aux racines particulièrement solides.[11]

Imitation et Mimétisme

Dans le cadre du changement climatique nous assistons depuis plus de 50 ans à des facteurs exogènes à la société qui contribuent à une modification des enjeux industriels avec une prise de conscience plus ou moins importante des valeurs écologiques de la planète ou de respect de la biosphère. Bien que les diffusions techniques prennent appui sur l’imitation de processus issus de la biomasse, celles-ci ne sont qu’accaparement productiviste sans retour. Par exemple dans différents domaines telle l’exposition qui a eu lieu au musée des Arts et Métiers en 2010 et qui montrait différentes imitations issues de la nature[12] :

Ø La célèbre bande Velcro doit sa structure originale à la bardane, plante champêtre dont les fleurs sont munies de « crochets ».

Ø La structure métallique de la tour Eiffel présente de nombreuses similitudes avec celle du fémur, capable de supporter de lourdes charges.

Ø La montre-réveil Cricket, munie d’une alarme dont le fonctionnement n’est pas sans rappeler la manière dont les grillons émettent leur chant.

Ø La combinaison des pilotes de chasse Libelle G-Plus qui s’inspire du système sanguin ouvert de la libellule.

Ø Le Shinkansen, train à grande vitesse japonais, dont le profil des motrices est identique au bec des martins-pêcheurs.

Ø Etc.

Mais cette bio-inspiration ne doit pas aller que dans le sens biocénoses → sociétés humaines, ce qui est de fait dans la logique d’«exploitation » capitaliste ou productiviste de nos sociétés. Elle doit travailler dans les deux sens : l’apport que nous fait la biomasse doit être compensé par l’équivalent pour sa préservation car sans elle nous n’existerions pas. Vérité que nous avons oubliée (depuis le néolithique ?) et qui ne nous saute même plus aux yeux dans ce consumérisme où nous vivons.

Pourtant Léonard de Vinci, au 16éme siècle, disait déjà «Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur. »

Il en va autrement dans le cadre du mimétisme qui est la « propriété que possèdent certaines espèces animales ou plus rarement végétales, de ressembler, temporairement ou de façon permanente, par la couleur ou par la structure, au milieu environnant physique ou biologique, avec une finalité (notamment protectrice ou offensive) ou sans finalité apparente »[13]. Il s’agit d’une démarche toute différente que celle qu’a pratiquée l’industrie depuis la première révolution industrielle. Cette démarche de bio-mimétisme devrait chercher à tirer des enseignements de la nature sans exploiter ses ressources comme nous le faisons aujourd’hui, mais travailler à des échanges mutuellement avantageux pour les cinq règnes du vivant. C’est-à-dire s’inspirer de ceux-ci et découvrir de nouveaux domaines dans la recherche, que se soit dans la robotique, la chimie, la sociologie, la phytosociologie, l’agriculture, l’intelligence artificielle, etc. ; ce qui va de pair avec l’apport en toutes sciences que nous devrions échanger avec la biomasse pour sa sauvegarde et donc la nôtre. Celle du Gabon et sa forêt endémique est un terrain d’expérience extraordinaire qui peut aussi être un exemple de sauvegarde pour toute la planète.

Cette forme d’économie et gestion au service du vivant, capital autrement extraordinaire que financier pourrait alors être un nouveau domaine scientifique rassemblant diverses disciplines allant vers une science commune que l’on nommerait « économie symbiotique ». L’Homme serait formé à cette nouvelle science dès le plus jeune âge. Éminemment culturel et au fait des risques environnementaux, il pourrait alors gérer sa vie et la société autrement, dans un bouleversement et une remise en question permanente pour la sauvegarde de la planète et sa biosphère. Une adaptation des structures de la société serait évidente en ce sens. Il s’agirait de déconstruire les structures de société actuelle et de créer des modules sociétaux et structures matérielles de vie adaptés à cette nouvelle économie. Cette adaptation pourrait passer par une autre réalité que l’on peut nommer : « Ecobiotopie »[14]. Il s’agit alors de structurer la société en cercles concentriques d’économie circulaire qui communiquent entre eux en permanence de façon horizontale tel un réseau neuronal, semblable aux réseaux racinaires des plantes et mycètes qui coopèrent en symbiose dans ces deux règnes. Etc…

L’expertise en question

Pour parvenir à cette gestion symbiotique, il faut innover dans les domaines de l’économique et du vivant, soit : la biomasse. Le choix de l’expertise en sciences et techniques en adéquation avec l’activité rurale, urbaine et la nature est vital pour un véritable développement durable.

Pour autant l’on sait qu’une expertise peut être manipulée par les intérêts matériels ou idéologiques et que les procédures d’expertise sont étendues aujourd’hui à l’ensemble des sociétés. En effet, une entente tacite existe, soit quand deux parties se sont mises d’accord pour donner un avis semblable sur les éléments d’un différend, soit quand ceux-ci présentent des aspects techniques ou sociaux, par exemple dans le cas d’une expertise judiciaire sur des travaux ou en cas d’accident sur la voie publique. Cela peut s’étendre à tous les domaines de la société et à toutes les catégories sociales et économiques. Ces analyses sont faites par des spécialistes mandatés.

Nous sommes donc dans un monde où les experts, prêtres du nouveau paradigme scientifique et industriel où nous sommes, ont les clés de l’advenir de nos sociétés. Dans ce paradigme, ce nouvel eldorado, les consultants s’engouffrent. La place de la politique dans ce jeu d’acteurs semble avoir disparue au nom de l’intangible expertise. Pourtant, des acteurs politiques ont conscience que trop de pouvoir à l’expertise comme aujourd’hui peut être un danger dans la gouvernance.

En effet, l’expertise tend à prendre une nouvelle place en se modifiant par sa remise en question par les experts eux-mêmes. En conséquence, l’enjeu dépasse les clivages, mais également les conflits économiques et guerriers. Consciemment ou inconsciemment : cet enjeu est notre survie à tous. Par exemple, en France, l’évolution du corps des ingénieurs agronomes est intéressante à ce sujet. Socio historiquement, il pourrait se hisser aujourd’hui à des niveaux de propositions et de décisions comme l’a fait et le fait toujours le corps des ingénieurs des mines pour l’industrie ou encore ceux des ponts et chaussées pour le transport.

Ces ingénieurs bousculent les frontières de l’expertise industrielle conventionnelle par leur travail sur le vivant et les connaissances des causes de l’effet de serre étant de plus en plus démocratisées dans les populations, les études doivent être plus pertinentes. En effet, aujourd’hui chaque individu est concerné et il vit les conséquences du changement climatique modifiant son mode de vie.

L’expertise dans ce paradigme pourra-t-elle se démocratiser ou bien disparaître pour laisser la place à une intervention plus démocratique de scientifiques en relation avec des citoyens responsables ? Nous ne le savons pas, mais la précipitation conjuguée des évènements climatiques et des opportunités d’aller vers un nouvel « Eldorado économique », ouvre la voie à ce paradigme plus énergétique et scientifique que technologique, avec une collaboration plus accrue de l’expertise scientifique. La phase qui s’ouvre provient de cet aléatoire induit par les contradictions, les contraintes économiques et sociales et l’émergence dans la production de bien de consommation par la place de pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil, les pays d’Afrique dans l’économie mondiale. On assiste ici à une mutation du tissu industriel de ce paradigme global, lequel reste aux mains de l’hyperspécialisation productiviste. L’économie symbiotique pourrait bouleverser ce schéma.

Conclusion

Je terminerai par les mots d’André Raush, professeur émérite d’histoire de Strasbourg : « La forêt est toujours apparue comme un refuge, depuis le début de l’humanité. Le maquis en Europe, pendant la seconde guerre mondiale, et en Amérique du sud encore actuellement, en sont l’illustration. On s’échappe en forêt, mais en même temps on se ressource, on se forge une nouvelle identité. La forêt joue un rôle de régénération. Il y a plus qu’une fuite en forêt, en fuyant en forêt on affirme sa liberté. »[15]

Effectivement la biomasse, la biosphère et la forêt ne font qu’une, alors il nous faut l’aimer et la respecter pour notre sauvegarde et notre liberté car les risques incommensurables sont devant nous. L’humanité est née en Afrique. L’Afrique à plus qu’un rôle à jouer.


[1] Les cinq règnes

  • Règne des Monères (bactéries et algues bleues)
  •  Règne des Protistes (protozoaires et algues unicellulaires)
  •  Règne des Mycètes (champignons)
  •  Règne des Végétaux.
  •  Règne des Animaux.

[2] (Selon Jean-David Rochaix, 28 janvier 2008, Professeur en biologie moléculaire université de Genève, https://www.rts.ch/decouverte/sciences-et-environnement/animaux-et-plantes)

[3] Techniques complexes qui nécessitent, non pas ce qu’on pourrait appeler une technique unitaire mais des techniques affluentes dont l’ensemble, dont la combinaison concoure à un acte technique bien défini. (Gille, 1978, p. 15) Les filières techniques constituent des suites d’ensembles techniques destinés à fournir le produit désiré, dont la fabrication se fait, très souvent, en plusieurs étapes successives. (Ibid. p. 16)

[4] http://www.actu-environnement.com/ae/news/projet_biocoup_6810.php4

[5] https://cordis.europa.eu/news/rcn/124588_en.html

[6]S’entend ici comme un système qui conduit vers un bouquet énergétique futur induit par une rupture plus énergétique et scientifique que technique. Ce système reste un terrain d’essai aléatoire à l’échelle locale et planétaire. Il fait partie des paradigmes qui selon la définition de Thomas Kuhn, sont des «découvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une communauté de chercheurs des problèmes et des solutions.» «Toute étude d’une recherche dirigée par un paradigme, ou aboutissant à l’écroulement d’un paradigme, doit commencer par localiser le ou les groupes responsables.» (Kuhn, 1962, p. 11 et 245)

[7] HealthCast 2020, PricewaterhouseCoopers, http://www.pwc.fr.

[8] Ferone Geneviève, Dominique Debas, Anne-Sophie Genin, 2004, « Ce que le développement durable veut dire » Editions d’organisation, Paris, 325 p.

[9] Ensemble des êtres vivants d’un biotope, d’un milieu donné.

[10] Stefano Mancuso, page 13, la révolution des plantes, Albin Michel, Paris 2019, 225 p.

[11] https://positivr.fr/inde-tribu-khasi-ponts-vivants-arbres-racines/.

[12] CNAM. https://arts-et-metiers.net/musee/biomimetisme-quand-la-nature-inspire-la-technique

[13] http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=1403793105;

[14] L’écobiotopie (lieu de vie économique) est une méthode de conscientisation des individus à la gestion de leur vie (économique, culturelle, biologique et géographique) avec les personnes qu’ils côtoient tous les jours dans leur quartier, villes, villages, entreprises. L’écobiotopie s’adresse d’abord aux personnes qui désirent vivre et partager dans les domaines du social, de l’emploi et de la santé.

Enregistré le 16/11/2003, proposé par Armand Legay Le Havre (5éme festival du mot XYZ (créé par Eric Donfu, Sociologue).

(https://www.yumpu.com/fr/document/read/16731865/voici-la-liste-de-tous-les-mots-nouveaux-en-pdf-comme-une-76)

[15] André Raush, 1996, Vacances en France de 1830 à nos jours, Paris, Hachette

 

Est-ce un meurtre d’Etat?

Encart trouvé de la Revue du praticien de novembre 2018. Que dire d’une majorité de médecins qui touche une prime de fin d’année entre 6000 et 10000 € de la part de la Sécu? En effet, ils la touchent s’ils prescrivent le plus de médicaments génériques et prescrivent le moindre d’actes médicaux tél un scanner thoracique. On comprend mieux pourquoi depuis 2015 les comptes de la Sécu sont venus à l’équilibre et pourquoi l’espérance de vie a baissé de 4 à 5 mois en 5 ans. Est-ce un meurtre d’Etat ???

 

Article du magasine du praticien nov.18

Raison de mon désabonnement au Magasine Marianne

 

Lettre à la direction de Marianne

Madame, Monsieur

Par la présente je vous demande de me désabonner de votre magasine qui est devenu petit à petit partisan et n’est plus objectif comme autrefois et que j’appréciais.

Voici la dernière raison qui me fait prendre cette décision :

Cet extrait de l’éditorial de Jacques Juliard du n° 1050-1051 du 9 au 18 mai 17  est la preuve de votre parti pris et de votre idéologie depuis plusieurs mois:  « S’il devait subsister une seule image du cauchemar présidentiel que nous venons de vivre, ce serait sans conteste celle où la fausse princesse du conte, démasquée par le chevalier blanc, se transforme sous nos yeux médusés en une horrible mégère, les traits convulsés par la haine, la bouche tordue, vomissant des torrents de crapauds, de scorpions et de couleuvres. Ceux et celles qui à cet instant précis, ayant d’abord décidé de s’abstenir, voire de voter Le Pen, n’ont pas sur-le-champ retourné leur position, écœurés par tant de bassesse, sont, permettez-moi de le dire poliment, des jean-foutre ou, pis que cela, des idéalistes. »

Comme M. Macron vous faites de celle-ci « La grande prêtresse de la peur ». J’ai appris par mon éducation morale et citoyenne que l’on ne dit pas cela de son pire ennemi. Vous combattez l’extrémisme en utilisant les mêmes anathèmes que celles que vous combattez, plutôt que par la culture. Non seulement vous outragez  le symbolisme du mot « Marianne », mais vous utilisez une phraséologie insultante à l’égard de vos lecteurs qui se sont abstenus ou ont voté blanc à ces dernières élections mais aussi ceux qui peuvent avoir votés MLP du Front National. Vous vous ressemblez. Que cherchez vous donc, la paix ou la guerre ?

Je vous rappellerai que concernant l’instrumentalisation du FN, le tournant décisif est pris en mars 1983, avec la politique de rigueur. Le Président Mitterrand qui a sabordé l’éducation populaire issue du CNR revient sur ses engagements économiques.  Il ouvre la voie à un processus de privatisations après les nationalisations de début de mandat. Les marchés financiers sont partiellement dérégulés. La plupart des entreprises qui ont été nationalisées entre 1981 et 1984 seront privatisées sous le gouvernement Jacques Chirac entre 1986 et 1988 ; on peut considérer qu’à partir de 1984, la France quitte un fonctionnement économique étatisé (le capitalisme monopoliste d’état mis en place par De Gaulle) et adopte davantage un fonctionnement d’économie  de marché au service de la finance ; ce qui va favoriser  un « lumpen-prolétariat » par l’accroissement systématique du chômage et la destruction du lien social. En même temps, Mitterrand permet au Front national d’avoir pignon sur la place politique lui qui était à 0,2 % :

« Sur les conseils de Michel Charasse, François Mitterrand signe, le 22 juin, une réponse écrite à Jean-Marie Le Pen: « Il est regrettable que le congrès d’un parti soit ignoré par Radio-Télévision. […] Elle ne saurait méconnaître l’obligation de pluralisme qui lui incombe […]. L’incident que vous signalez ne devrait donc plus se reproduire. Mais d’ores et déjà, je demande à Monsieur le Ministre de la Communication d’appeler l’attention des responsables des sociétés Radio-Télévision sur le manquement dont vous m’avez saisi. »

Au cours d’un point de presse organisé peu après, Michel Collinot salue, au nom du Front National, la « courtoisie du chef de l’État » qui a bien voulu répondre à la missive de Jean-Marie Le Pen. » (Enquête sur François Mitterand et l’extrême droite Emmanuel Faux, Thomas Legrand, Gilles Perez Le Seuil, Sept. 1994 extraits : pages 18 à 31)

Cette politique du gouvernement Fabius est voulue. En effet, favoriser les courants extrémistes est utile, comme l’a déclaré Pierre Berégovoy  en 1984 avant son suicide en 1993 : « Au parti socialiste, on a tout intérêt à pousser le front national, (…) Il rend la droite inéligible. Plus il sera fort, plus on sera imbattable. C’est la chance historique des socialistes ».[1]

En France, ce que l’on a connu de la Nation, de la souveraineté, de la République, de la laïcité, de l’égalité, a été mis en pâture, une soupe exquise pour les extrémismes politiques et religieux.

Cette manipulation politique n’a pas servi le nationalisme ouvert issu de la philosophie des lumières et de la Révolution que nous avons connu et qui  est en voie de disparition. Par contre, elle a favorisé et établi la progression extraordinaire et permanente de l’autre nationalisme fermé, xénophobe, raciste, fondé sur un monde en décadence et qui  croit en  l’obligation de préserver le peuple contre tous les agents de corruption. Cela va de paire en coopération entre ethnies et races de chaque nation, pourvu que ces communautés ne quittent pas leurs frontières. Cette vision extrémiste et pessimiste  de la nation, ce recentrage sur un espace géographique fermé est la résultante de  cette politique de la sociale démocratie française fédéraliste et  européenne  incluant l’ensemble des nations européennes dans un brouillon d’économie  libérale au service de l’atlantisme. Ce sont ses dirigeants qui ont fait le lit aux fascismes en Europe hier (en 1933 en Allemagne avec la République de Weimar combattant le peuple et laissant le capitalisme nourrir le national socialisme contre l’URSS), et aujourd’hui dans le monde avec l’extrémisme pseudo religieux et en France avec la montée du FN.

Depuis 1983, l’instrumentalisation du FN n’a fait que progresser à chaque élection pour maintenir le pouvoir en place et vous le savez. Vous avez de temps en temps dénoncé cela, mais rarement car cela n’est pas votre fonds de commerce.

Vous faites donc partie de ces faiseurs d’opinions qui  nous mentent en nous disant que nous sommes à un clivage, un basculement, un enterrement des vieux partis pour faire du neuf,  de la politique autrement, un renouveau. Cela est totalement faux, car il s’agit d’une stratégie  politique réfléchie scientifiquement et psycho-sociologiquement depuis 35 ans par les professionnels de la politique.  M. Macron en est un !

Recevez mes salutations distinguées.

Armand LEGAY

La Nation en danger

 

La Nation en danger

Notre Nation en tant qu’être et corps social est malade et en danger. En 40 ans de pouvoir voilà ce que les professionnels de la politique et tous les partis  ont réussi : la liquidation de notre pays sur l’hôtel de la finance. Les faiseurs d’opinions nous disent que nous sommes à un clivage, un basculement, un enterrement des vieux partis pour faire de la politique autrement, un renouveau. Effectivement le débat Macron-Lepen du mercredi 3 mai 2017 en est la preuve.  L’invective, l’insulte, le mensonge voilà ce qui était surtout présent, autant chez l’une que chez l’autre de manières différentes. Ils ont montré par leurs programmes et leurs hargnes continus le délitement de la France. Aucun  d’eux n’est à l’image de notre pays, de son histoire et de  la souveraineté comprise  et nécessaire à notre Peuple. Pour moi cela sera le vote blanc contre cette élection présidentielle (dont je veux la suppression) qui est un outil de soumission du peuple !b_1_q_0_p_0

La suite et les législatives feront que chaque député.e rentrera dans un moule formateur et deviendra à son tour un ou une professionnelle de la politique. Pour s’en rendre compte, il suffit d’analyser les carrières de celles et ceux qui sont déjà passés par là. A part quelques exceptions…, ils n’ont jamais démissionné en bloc, à ce que je sache !

Le seul renouveau dans tout cela, c’est l’utilisation des extrémismes religieux et politiques. Pour ces élections  c’est le FN. Une hydre, un épouvantail de la Haine élaborée historiquement depuis 1983 par Mitterrand, le PS et ses instances actuelles, Hollande compris pour rester au pouvoir, pour en faire comme l’a dit Macron de MLP lors de ce débat : « la grande  prêtresse de la peur » afin de manipuler les masses dans cette continuité néolibérale historique et mettre au pouvoir  à la tête du pays, un homme en collusion avec la finance internationale. Tous les partis, peu ou prou,  ont cautionné cela !

Malgré ces temps sombres c’est de cette Nation pour autant dont nous devons être fiers par son histoire. Cela a commencé, non pas à l’époque de Jeanne d’Arc, mais dès le néolithique par des conquêtes et guerres pour le contrôle de futurs territoires qui ont fait la géographie de la France. Cet être qu’est notre Nation subissant le règne de vieilles conventions d’avant 1789 et des puissances économiques capitalistes issues du 19éme siècle que l’on croit modernes fait qu’il est inévitable que se produise une éruption « déstruction-construction » de forces politiques qui respectent ou ne respectent pas la vie et le sens commun. En ce sens, il y a explosion et bouleversement (révolution ou contre-révolution) qu’en tant que phénomène de masse ; mais ce phénomène psychique (négatif ou positif) ne l’est pas dans la tête d’une majorité d’individus (pour l’instant) qui se soumet consciemment ou inconsciemment à ces puissances supérieures et met son pouvoir à leur service. Cela fait partie de ce corps social et de sa culture (avec ses contradictions et antagonismes) qu’est la France. Ira-t-on vers des conflits graves ou vers  le vivre ensemble ?

Tout dépendra de la manipulation de l’opinion par les mass-médias et les professionnels de la politique.

Pour notre respect et notre souveraineté, partisans de la paix pour une vie meilleure travaillons à un nouvel espoir : Une autre constitution du peuple, par le peuple et pour le peuple pour tous et toutes  les citoyen.nes de l’arc républicain en excluant tous les professionnels de la politique qui nous ont mis dans cette chienlit.  Il nous faut à coup sûr une éducation populaire performante du XXIe siècle associée au symbolisme national par  un combat éducatif laïc et social. Former des citoyen.nes du futur et construire un large consensus est un enjeu majeur en ce qui concerne l’élaboration et la transformation par les citoyen.nes, des institutions de la République et de leurs contenus et ainsi réinventer une véritable démocratie nationale.

C’est un devoir pour que notre Nation telle que définie à l’article 3 de la déclaration des droits de l’homme de 1789 perdure : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » L’hérédité royale est devenue  ainsi par cet article l’hérédité du Peuple ! Cet héritage nous appartient !

 

Signez la pétition pour une constituante !

http://votes.website-montpellier.fr/

 

Dégageons la présidentielle

Dehors tous ces professionnels de la politique !!!

Dégageons la présidentielle, cette usine à soumission, avec un max de vote blanc !

Montrons leur que nous ne sommes pas dupes, que l’une, Marine Le Pen est l’héritière de l’extrême droite, manipulée par le PS et Mitterrand dès 1983 et aujourd’hui toujours pour rester au pouvoir par François Hollande, le père de Macron, héritier de la dictature de la finance : deux hydres issues d’un même système politique, philosophique, sociologique, soit un terme que d’aucuns n’ osent plus utiliser, le « capitalisme » et ces méandres, dont la sociale démocratie, contre tous les peuples de la planète !!!

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LA PLUS GRANDE MANIPULATION DEPUIS 1789

Nous venons d’assister à la plus grande manipulation du Peuple depuis la Révolution. L’artisan de cette manipulation politique est François Hollande, lui qui avait tous les pouvoirs lors son élection comme aucun président n’en n’avait jamais eu depuis 1789 : Présidence, régions, sénat, assemblée Nationale, conseils régionaux, les plus grandes ville de France.
Artisan de la démission de Macron pour le placer en tête lors de ce premier tour de l’élection présidentielle, il a, sans doute, appeler à voter pour lui. Du même coup, il est le fossoyeur de la gauche et de ses valeurs. Le résultat de la FI et du PS sont là pour le confirmer, malgré le score de Mélenchon. Hollande aura réussi à manipuler tous ces professionnels de la politique qui à leur tour auront entraîné le peuple de France dans cette défaite. Il faut supprimer cette élection présidentielle, cette soumission du Peuple et aller vers une constituante n’excluant pas la politique, mais tous les professionnels de la politique et de ces politiques qui nous ont mis dans la chienlit !!!!

 

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FIER DE NOTRE NATION

Une historiographie récente, masochiste et réductrice travaille à rabaisser la Nation française. Ce texte ne veut pas faire une apologie de  celle-ci, mais rappeler quelques éléments clés qui la constitue et dont nous devons être fiers.

Statut place de la nation

La Nation ou communauté de citoyen.nes

D’après le Dictionnaire Larousse, la Nation est un ensemble d’êtres humains vivants dans un même territoire, ayant une communauté d’origine, d’histoire, de culture, de traditions, parfois de langue, et constituant une communauté politique. C’est une entité abstraite, collective et indivisible, distincte des individus qui la composent et titulaire de la souveraineté.

Selon le dictionnaire en ligne du CNRS ATILF, la Nation peut recouvrir plusieurs sens :

– Cela peut être un « groupe d’hommes dont les membres sont unis par une origine réelle ou supposée commune et qui sont organisés primitivement sur un territoire.

– Pour Joseph de Maistre, 1810, c’est un groupe humain, généralement assez vaste, dont les membres sont liés par des affinités tenant à un ensemble d’éléments communs ethniques, sociaux (langue, religion, etc.) et subjectifs (traditions historiques, culturelles, etc.) dont la cohérence repose sur une aspiration à former ou à maintenir une communauté.

– Cela peut être aussi un groupe humain stable, établi sur un territoire défini constituant une unité économique, caractérisé par une auto-conscience ethnique (marquée par l’idée de la communauté d’origine et de destinée historique), une langue et une culture communes, formant une communauté politique personnifiée par une autorité souveraine et correspondant à un stade évolué du mode et des rapports de production. Selon Jaurès « Aucune [personne humaine] ne doit être privée des moyens positifs de travailler librement, sans dépendance servile à l’égard de qui que ce soit. C’est donc dans la Nation que le droit de tous les individus, aujourd’hui, demain et toujours, trouve sa garantie » (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.132) :

– Ou encore selon Roger MARTELLI, dans son livre La Nation, Paris, Éd. soc., 1979, p.22, la nation ne put apparaître, en tant que telle, à la surface des rapports sociaux, qu’au moment où se cristallisèrent les contradictions de classes, où elles nécessitèrent l’intervention directe des masses populaires. Pendant la Révolution française c’est un ensemble des personnes formant le Tiers État.

Ma définition personnelle est la suivante : « La Nation est une forme collective d’individuation[1] humaine regroupant des populations de mêmes origines ou distinctes faisant une même société reconnue par l’ensemble des membres du peuple souverain sur un même territoire et ses frontières et ayant construit une constitution comprise par toutes et tous pour autorité incontestée. »

Origine de la Nation française

À partir de la Révolution, le terme Nation prend un sens politique précis et désigne une forme d’organisation sociale spécifique. Conjointement à cette acception, ce terme s’applique encore à cette époque à des groupes humains ayant eu des expériences d’organisation politique autonome, groupes qui ont en partie survécu à leur intégration dans le royaume de France avant 1789.

Plus tard, en 1882, niant l’importance de la géographie, de la race ou de la langue, Renan définit la Nation comme un « plébiscite de tous les instants ». Michelet, quant à lui, dans la préface de 1869 à son Histoire de France écrivait : « La France a fait la France, et l’élément fatal de race m’y semble secondaire. Elle est fille de sa liberté. Dans le progrès humain, la part essentielle est à la force vive, qu’on appelle homme. L’homme est son propre Prométhée. »

Pour Fustel de Coulanges, 1870, « ce qui distingue les nations, ce n’est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu’ils sont un même peuple lorsqu’ils ont une communauté d’idées, d’intérêts, d’affections, de souvenirs et d’espérances. Voilà ce qui fait la patrie. Voilà pourquoi les hommes veulent marcher ensemble, ensemble travailler, ensemble combattre, vivre et mourir les uns pour les autres. La patrie, c’est ce qu’on aime. Il se peut que l’Alsace soit allemande par la race et par le langage ; mais par la nationalité et le sentiment de la patrie elle est française. »

Il ouvre la voie au Renan de 1882 dans sa conférence à la Sorbonne “Qu’est-ce qu’une nation ?”

Pour lui, l’essentiel de « Qu’est-ce qu’une Nation ? » réside dans la définition double que Renan formule à l’issue de sa conférence : «Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet. Le chant spartiate : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes » est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie. » (p.50)

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La volonté fédéraliste et atlantique de destruction de la Nation française

À partir de ces définitions, qui montrent la Nation française comme le corps d’un être complexe, elle n’est plus telle que nous l’avons connue et vécue. Elle est en voie de disparition. Un dé-tricotage s’est opéré subrepticement dans toutes les structures de la société depuis la libération. Cela depuis le plan Marchal en Europe en passant par la CEE et l’ensemble des traités depuis 1951[2] qui nous ont conduits à Maastricht en 1992 et Lisbonne en 2005. Il est à rappeler ici que de Gaulle et Adenauer en 1962 parlaient de coopération et d’Europe confédérale. L’idéologie, la politique, la philosophie, l’économie du capitalisme a fait son œuvre sur nos territoires en collusion avec presque l’ensemble de tous les partis politiques pour déconstruire notre Nation et en faire une entité faite de 13 régions sans l’avis du peuple, avec cet étrange mot subsidiarité et son principe[3], incompréhensible pour la majorité, tels que le veulent les fédéralistes européens et mondialistes. L’on peut aussi appliquer cette subsidiarité à l’ensemble des éditoriaux médiatiques et politiques qui fabriquent l’opinion. Ainsi, nous déléguons à ces faiseurs d’opinions virtuelles nos idéaux, nos révoltes, nos peurs, notre inquiétude du devenir.

Cela nourrit la servitude volontaire inconsciente et conforte l’absence de prise de responsabilité citoyenne. Cette Europe au service de la finance, couplée à une technique numérique éminemment politique au service du capital international, avec ses dirigeants fédéralistes a dépouillé nécessairement la France des ses valeurs et de son économie pour nous conduire sur le marché global. Pour perdurer, le capitalisme à toujours pratiqué la destruction créatrice. Pour lui, combattre les Nations pour se les asservir en y prenant le pouvoir par l’extrémisme, l’intervention militaire et la guerre est nécessaire.

En France, ce que l’on a connu de la Nation, de la souveraineté, de la République, de la laïcité, de l’égalité, a été mis en pâture, une soupe exquise pour les extrémismes politiques et religieux. Si les symboles de la Nation, de la patrie ont été repris de façon dévoyée après les attentats de Charlie Hebdo, eux aussi ont été abandonnés pendant des décennies. Le drapeau et l’hymne national et ce qui est écrit au fronton des mairies, sur les monuments aux morts ont été et sont toujours mis en pâture aux extrémismes. Comme on peut le penser, cela permet au capitalisme quand il ne peut pas contrôler les Nations, de créer les conditions d’un autre asservissement de celle-ci avec ses outils pervers que sont les jusqu’au-boutismes, les fascismes pour plus tard les contrôler face à tous systèmes ou idées politiques antagonistes a contrario des siennes.

De l’abandon des valeurs de la Nation au profit du nationalisme xénophobe

Le tournant décisif est pris en mars 1983, avec la politique de rigueur. Le Président Mitterrand revient sur ses engagements économiques. Il ouvre la voie à un processus de privatisations après les nationalisations de début de mandat. Les marchés financiers sont partiellement dérégulés.

La plupart des entreprises qui ont été nationalisées entre 1981 et 1984 seront privatisées sous le gouvernement Jacques Chirac entre 1986 et 1988 ; on peut considérer qu’à partir de 1984, la France quitte un fonctionnement économique étatisé (le capitalisme monopoliste d’état mis en place par De Gaulle) et adopte davantage un fonctionnement d’économie de marché au service de la finance. En même temps, Mitterrand permet au Front national d’avoir pignon sur la place politique lui qui était à 0,2 % :

« Sur les conseils de Michel Charasse, François Mitterrand signe, le 22 juin, une réponse écrite à Jean-Marie Le Pen: « Il est regrettable que le congrès d’un parti soit ignoré par Radio-Télévision. […] Elle ne saurait méconnaître l’obligation de pluralisme qui lui incombe […]. L’incident que vous signalez ne devrait donc plus se reproduire. Mais d’ores et déjà, je demande à Monsieur le Ministre de la Communication d’appeler l’attention des responsables des sociétés Radio-Télévision sur le manquement dont vous m’avez saisi. »

Au cours d’un point de presse organisé peu après, Michel Collinot salue, au nom du Front national, la « courtoisie du chef de l’État » qui a bien voulu répondre à la missive de Jean-Marie Le Pen. » (Enquête sur François Mitterand et l’extrême droite Emmanuel Faux, Thomas Legrand, Gilles Perez Le Seuil, Sept. 1994 extraits : pages 18 à 31)

Cette politique du gouvernement Fabius est voulue. En effet, favoriser les courants extrémistes est utile, comme l’a déclaré Pierre Berégovoy en 1984 avant son suicide en 1993 : « Au parti socialiste, on a tout intérêt à pousser le front national, (…) Il rend la droite inéligible. Plus il sera fort, plus on sera imbattable. C’est la chance historique des socialistes ».[4]

Cette manipulation politique n’a pas servi ce nationalisme ouvert cité plus haut issu de la philosophie des lumières et de la Révolution que nous avons connu et qui est en voie de disparition. Par contre, elle a permis la progression extraordinaire de l’autre nationalisme fermé, xénophobe, raciste, fondé sur un monde en décadence et qui croit en l’obligation de préserver le peuple contre tous les agents de corruption. Cela va de paire en coopération entre ethnies et races de chaque nation, pourvu que ces communautés ne quittent pas leurs frontières. Cette vision extrémiste et pessimiste de la nation, ce recentrage sur un espace géographique fermé est la résultante de  cette politique de la sociale démocratie française fédéraliste et européenne incluant l’ensemble des nations européennes dans un brouilly commun d’économie libérale. Ce sont ses dirigeants qui ont fait le lit aux fascismes en Europe hier (en 1933 en Allemagne avec la République de Weimar combattant le peuple et laissant le capitalisme nourrir le national socialisme contre l’URSS), et aujourd’hui dans le monde avec l’extrémisme pseudo religieux et en France avec la montée du FN.

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Un renouveau politique, éducatif et culturel pour sauver la Nation

Aujourd’hui, pour sortir du piège de la dette et de la vassalisation de la France à cette Europe fédéraliste germano-américaine et à l’OTAN, à la finance internationale sous hégémonie états-unienne, il nous faut rétablir l’indépendance politique et économique de notre Nation.

Dans cette perspective, je pense que la réforme de notre constitution actuelle est nécessaire. Personnellement, j’opte pour la mise en place d’une Assemblée constituante élue au suffrage universel avec des délégué.es issue.es du peuple, sans exclure la politique, mais les professionnels de la politique qui pour la plupart ont sabordé notre Nation depuis 60 ans. Pour amorcer et développer une réflexion et une dynamique vers cette constituante pour une Nation et une République inédite, un compromis historique et l’Union du Peuple de France dans son arc républicain, au-delà des clivages, doivent être recherchés. Malgré que selon des études le quotient moyen ait baissé de 14% en Angleterre depuis la seconde révolution industrielle et baissé de 4 points en France en 10 ans (les échos du 27 janvier 2017), il nous faut à coup sûr une éducation populaire performante du XXIe siècle associée au symbolisme national par un combat éducatif laïc et social. Former des citoyen.nes du futur et construire un large consensus est un enjeu majeur en ce qui concerne l’élaboration et la transformation par les citoyen.nes, des institutions de la République et de leurs contenus et ainsi réinventer une véritable démocratie nationale, un devoir pour que notre Nation telle que définie à l’article 3 de la déclaration des droits de l’homme de 1789 perdure : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » L’hérédité royale est devenue ainsi par cet article l’hérédité du Peuple ! Cet héritage nous appartient !


[1] L’individuation, (au contraire de l’individualisme), est synonyme d’un accomplissement meilleur et plus complet des tâches collectives d’un être, une prise en considération suffisante de particularités permettant d’attendre de lui qu’il soit dans l’édifice social une pierre mieux appropriée et mieux insérée que si ces mêmes particularités demeurait négligées ou réprimées. (C. G. Jung, 1963, p. 199, L’Ame et la Vie, livre de poche, Buchet/Chastel Paris 415 p.)

[2] Le 18 avril 1951, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) est créée, pour une période de 50 ans, avec la signature du traité de Paris par six pays : la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la République fédérale d’Allemagne (RFA). (Wikipédia)

[3]Le principe de subsidiarité est consacré par le traité de Lisbonne comme principe fondamental de l’Union, aux côtés des principes d’attribution et de proportionnalité (art. 5 TUE). Il consiste à réserver uniquement à l’échelon supérieur ici l’Union européenne (UE) – uniquement ce que l’échelon inférieur – les États membres de l’UE – ne pourrait effectuer que de manière moins efficace. Ce principe a été introduit dans le droit européen par le traité de Maastricht (1992). Cependant, son existence est beaucoup plus ancienne : on en retrouve déjà l’esprit chez Aristote ou Saint Thomas d’Aquin. Il régit également les rapports entre l’État et les Länder en Allemagne. (http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/union-europeenne/fonctionnement/france-ue/qu-est-ce-que-principe-subsidiarite.html)

[4] Entretien avec Franz-olivier Giesbert, 1984, Le Président, Edition du Seuil, 1990, p.15

Pour que la Poste du Havre port ne disparaisse pas ! Lettre ouverte au Directeur Régional de la Poste de Haute Normandie

 

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Armand LEGAY  à Monsieur Jean Philippe POMA,

Directeur du réseau La Poste

76600 LE HAVRE de Haute Normandie

6, Bd de la Marne

76035 ROUEN CEDEX

Au Havre le 30/01/17

Monsieur,

En réponse à votre courrier du 17 janvier dans lequel vous dites avoir examiné avec attention notre pétition, aux noms des pétitionnaires, j’ai le regret de constater que vos propos ne répondent aucunement à nos demandes. En effet, dans votre premier paragraphe vous écrivez que « Sur le bureau de Poste du Havre Les Halles auquel vous faites référence des investissements ont été réalisés pour rendre l’accueil beaucoup plus fluide. »

Si vous avez lu notre texte et celui du courrier au Maire du Havre nous ne faisons aucunement référence à l’agence postale des Halles que nous ne citons qu’une seule fois. Plutôt que d’investir sur cette agence de façon péremptoire en provoquant la mort prochaine de notre bureau Havre Port, la consultation des habitants eût été préférable. Vous ne l’avez pas faite car vous connaissiez la réponse positive d’une éventuelle enquête sur le maintien de cette dernière en relation avec celle des Halles.

Par ailleurs, vous nous expliquez des délais d’attente courts aux Halles qui, selon des experts que vous ne nommez pas, contrediraient ce que vit le public des quartiers allant dans cette agence. Comment se fait-il alors qu’après votre investissement tout numérique sur cette agence qu’une partie de la clientèle ait rejoint celle du Havre Port ?

Dans votre argumentaire vous ne citez toujours et toujours que l’agence des Halles qui n’a rien à voir avec la pétition pour le maintien de celle du Havre port. Vous parlez de prestataires externes. Vous savez aussi bien que nous qu’une expertise est toujours orientée en fonction du commanditaire. Renseignez vous et vous verrez que sur 40 expertises sur un même sujet avec des commanditaires différents, 50% sont pour, 50% sont contre.

Vous souhaitez offrir   « des points de service aux horaires élargis pour les clients citadins (…) travaillant tard, avec des trajets travail-domicile parfois un peu longs. Cette solution passe par des partenariats conclus avec des commerçants sous la forme de Relais Poste Urbains. » Vous précisez qu’un « relais Poste Urbain sera mis en place au Havre Port au premier semestre 2017 » chez un commerçant. Pourquoi nos quartiers de personnes aux tempes grises en majorité (La Silveréco) doivent-ils être les « cobayes » de ce système pour actifs du XXIème siècle ?

Vous ne parlez pas des prestations qui disparaîtront et qui étaient assurées par l’agence du Havre port que vous avez supprimées petit à petit et que vous avez reléguées aux Halles centrales. D’autre part, nous savons que vous êtes en tractation commerciale avec le « Carrefour City », 156, rue de Paris à 500 mètres de l’agence Havre port. Sans doute n’avez-vous pas trouvé de commerçant plus proche et coopératif, bien sûr ! Quant à votre argument  « clients citadins ayant des besoins particuliers en termes d’accessibilité (travaillant tard, avec des trajets travail-domicile parfois un peu longs) » que faite vous des autres dans des quartiers qui vieillissent : Personnes âgées, handicapé.e.s, mamans avec enfants, commerçants, prestataires de service à domicile, etc…

Vous dites par ailleurs dans ce Relais Poste que vous préconisez  que « Les habitants du quartier pourront également venir retirer leurs « instances » courrier et colis, ce qui constituera d’ailleurs un service supplémentaire par rapport à la situation actuelle ». Et même si les habitants prennent leurs colis tout en faisant leurs courses, comment transporter tout ceci sur 500 mètres et à pied ?

Vous avez détruit en catimini une situation alors que ce bureau du Havre port donnait toutes les satisfactions au public, il y a encore quelques mois. Nous n’avions pas besoin d’aller aux Halles pour retirer nos colis et autres envois. Aujourd’hui encore c’est prés de 100 personnes par jour qui fréquentent cette agence, autant que la Poste d’Octeville quant d’autres bureaux de ville ont une moindre fréquentation et ne sont pas menacés. Subrepticement dans ce bureau du Havre port, nous avons pu constater aussi que les employé.e.s étaient plus ou moins punis par l’ambiance du public entretenue par votre nouvelle organisation. Est-ce volontaire ?

Quant à votre argument de maintenir le distributeur de billets à sa place actuelle pour les habitants des quartiers, c’est vraiment le moindre que vous puissiez faire ! Ces habitants ne sont pas les seuls à l’utiliser ce « DAB ». Pour la première fois vous faites référence au tourisme en utilisant le terme « croisiéristes ». D’un point de vue économique, votre organisation va à contre sens. Elle n’est pas valable car en faisant disparaître l’agence du Havre port et ses services de « Banque Postale » qui existaient encore il y a peu, vous participez à l’appauvrissement des quartiers (du quai Southampton) ; ce qui est un non sens quant au projet touristique du Maire du Havre et à l’économie de notre Ville. Avez-vous pris en compte le projet de grande envergure prévu jusqu’en 2022 et que nos quartiers sont aussi classés UNESCO ?

Vous donnez en exemple que votre investissement aux Halles centrales va permettre à La Poste d’accueillir  « dans ses équipes, une nouvelle fonction de conseiller bancaire. Ce conseiller sera dédié aux professionnels et aux commerçants du quartier pour les accompagner dans leurs projets de type bancaire. De plus, l’emploi de conseiller courrier-colis auprès des professionnels du quartier jusqu’à présent à mi-temps est maintenant passé à temps plein. »

Penser aux commerçants des Halles, les banques situées sur la place l’ont déjà fait, c’est donc un plus tout simplement, « normal » et qui ne vient en rien remplacer ce qui existait au Havre port, il y a encore peu de temps. Il suffisait de prendre rendez vous au Havre port pour voir un conseiller.e au sein de l’agence. Nous ne sommes pas tous des commerçants ! Vous réinventez l’eau chaude sans autant aller vers un progrès économique !

Reconnaissez donc votre erreur d’investissement sur ce local des Halles! A l’agence du Havre Port dont la SCI BP Mixte, filiale de la Poste IMMO est propriétaire, c’est à cet endroit que vous auriez dû partager cet investissement pour une complémentarité digitale et physique, au service de « tous les publics » entre ces deux lieux Port et Halles, tout en travaillant à l’assentiment de votre personnel. Rien n’aurait empêché que des commerçants participent alors à cet effort. Ce qui n’est pas le cas d’après notre « petite enquête, indépendante » !

Vous terminez votre lettre en précisant que ce point de contact chez le commerçant (Carrefour city ?) « sera bien sûr accompagnée par une campagne de communication et d’explication. Des sondages auprès des clients par des organismes comme BVA sur les premiers Relais Poste Urbains installés depuis plus d’un an dans d’autres régions font état d’une excellente satisfaction des clients.» C’est sans doute le cas dans des lieux où il y avait absence de vos prestations ou suppression depuis longtemps (à la campagne par exemple). Pour autant, vous mettez maintenant les bœufs après la charrue. Est-ce un manque d’études préalables qui vous fait proposer cela ?

Nous appelons cela une campagne de formatage des cerveaux. Sommes-nous les bœufs ? D’autres solutions existent. Reconnaissez-le !

Recevez, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.

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Pour les pétitionnaires

Armand Legay

FRANCOIS HOLLANDE RAPPELLERA-IL CELA CE SOIR ?

 

Dira-il qu’en 2012 avec son parti, il détenait la Présidence, l’Assemblée Nationale, les Régions, la plupart des Conseils Généraux, le Conseil économique et social, les plus grandes villes de France, etc… Tous les pouvoirs qu’aucun parti n’avait eu autant depuis la Révolution de 1789 pour en faire quoi :
Çà, les présidentielles de 2017, une machine à chienlit, à soumission et abstention ?! Pour laisser la place à qui ? Au populisme ?

Il nous faut rompre avec cela et travailler à un compromis historique pour une République inédite.
Supprimons la présidentielle et ses résultats, élisons des délégué.e.s de l’arc républicain par circonscription pour une constituante !!! Dégageons non pas la politique, mais tous les professionnel.le.s de la politique qui ont sabordé la France sur l’autel du capitalisme sauvage mondialisé au service de son oligarchie !!!

 

Mélenchon, la France Insoumise, une structure de parti qui ne dit pas son nom

En préambule, ma démarche d’analyse ci-dessous n’est pas un acte d’opposition au Mvt de la France insoumise, mais une démarche critique plus à l’égard de sa forme et structure de fonctionnement, au staff qui guide le projet, qu’ à son contenu et programme, qui est la somme de réflexion de nombre d’adhérents des 150000 inscrits sur le site internet JLM17.

Le 20 juin 2016, j’assistais au Meeting du Havre organisé par le PCF avec Paul Laurent, Pierre Larrouturou, Frédéric Boccara en la présence de Filoche pour la vente d’un de ses livres[1]. J’ai pu vérifier que ce rassemblement était le départ en campagne de Jean Paul Lecoq[2]. Je pensais déjà que le PC comprenait qu’il ne sert à rien de se battre avec Mélenchon sur notre ville. Sur la 8ème circonscription, Jean Paul Lecoq va vouloir reprendre la circonscription qu’il a perdue de 80 voix au profit de Catherine Troallic, député PS.

Concernant Mélenchon, je me méfie de sa stratégie de professionnel de la politique et des experts[3] qui l’entourent. Les réunions auxquelles j’ai participé montrent une stratégie issue d’un centralisme semblable, sinon plus, que celui j’ai connu pendant 25 ans au PCF et pendant 10 ans au PS et ceci avec la plateforme internet JLM17.

La France insoumise c’est les cadres dirigeants du parti de gauche qui avancent masqués. Je n’oublie pas que le trotskisme est encore plus centralisateur que le léninisme et le marxisme, et Mélenchon, et ses lieutenants en sont ses adeptes.

D’ailleurs, on trouve pour preuve cette militarisation dans le mouvement pour une constituante MR6 qui a été initiée par Mélenchon dont il ne veut plus faire cas, mais qui reste un vivier de culture pour ses troupes, une lettre qu’il a adressée[4] aux partisans d’une 6éme république. À sa sauce, il propose un fonctionnement pseudo démocratique bizarre en cela :

« Pour tenir compte de la diversité de notre mouvement naissant, cette assemblée sera désignée de trois manières à la fois :

  1. Un quart par tirage au sort parmi les 80 000 signataires sur m6r.fr. (…)
  2. Un quart par cooptation parmi les initiateurs du mouvement.
  3. La moitié par une élection dans des circonscriptions virtuelles sur la plate-forme « Nous le peuple ». »

Comme si la cooptation et le tirage au sort (il existe des algorithmes de sélection) et une plate forme virtuelle étaient démocratiques, cette « alambication », cette poudre aux yeux, est de la pure manœuvre politique chère à Machiavel dans le Prince pour berner les troupes.

Ailleurs avec ce mouvement MR6 une conférence de presse a eu lieu le 6 juin 2016. Bernard Teper (Président de l’Union des Familles laïques (Ufal)) Co-animateur du Réseau Éducation populaire (REP) y assistait. Dans son compte rendu[5] il note que : « On peut retenir que les travaux de la constituante ne pourront durer plus de deux ans (article 2) et que ne pourront y siéger ceux qui ont déjà eu un mandat législatif national ou européen ou ont déjà participé à des fonctions exécutives nationales, européennes ou locales (article 6), ceux qui ont une autre activité rémunérée (article 7), enfin que les membres de la constituante ne pourront pas exercer des fonctions exécutives ou législatives lors des premières élections qui suivront (article 8). »

Si ce n’est pas de la manœuvre qu’est-ce que c’est ? Dès le départ cette constituante sera pipée par des professionnels de la politique qui n’ont plus de mandat. Quid des véritables délégué.e.s du peuple formé.é.s pour cette constituante ? Et je n’oublie pas que Fabius est Pst du Conseil constitutionnel ; nomination qui n’est pas fortuite. D’ailleurs le 29 mars 2012 sur Europe1 en ligne, Laurent Fabius déclare son amitié à Mélenchon dans un entretien diffusé dans le 22 heures de Public Sénat.1 : « Les propositions traditionnelles du PCF, peut-être un peu rénovées, que porte Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, sont capables de sortir la France de ses difficultés en 2012. Il y a l’homme, il y a les propositions, il y a la stratégie. L’homme, c’est une personnalité tout à fait respectable, un de mes amis d’ailleurs, c’est un homme qui a du talent et voilà »[6]

Enfin, on peut aussi reprendre les propos de Mélenchon dans le magazine Marianne du 20 au 26 mai 2016. S’il dit que le Mouvement du MR6 doit suivre sa propre voie dans sa rhétorique, il précise quand même que la constituante est : « la thérapie douce que je propose (…) sinon, l’effondrement en cours finira dans le chaos et la violence. » Comme s’il était le seul à proposer une autre constituante, quand nombre d’organisations et associations bien avant lui travaillent pour une autre constituante. Il s’agit donc bien de manœuvres politiques que je condamne. Pour autant, c’est peut-être à nous qui ne sommes pas dupes (les véritables insoumis) de dénoncer ces agissements pour éclairer notre peuple.

Pour cela, dès la création des groupes d’appui pour Mélenchon, par curiosité, j’ai été l’un des premiers au Havre à m’inscrire pour le soutenir, malgré mon scepticisme non sur le contenu, mais sur l’organisation verticale mis en place. Au fils des réunions du groupe, j’ai remarqué que toutes les relations se faisaient uniquement par internet dès la création du site JLM17 (commande d’affiches, autocollans, contacts exclusifs par courriel, remarques et propositions, etc.) Quid des rencontres transversales ou horizontales, locales, régionales et nationales, quid de la démocratie réelle et interne ? Cela n’est pas fait, car certains adhérents du Parti de Gauche nous disent qu’il faut aller vite.

Comment et d’où est né La France insoumise, un parti politique qui ne dit pas son nom

Le 20 avril 2016 Raphaêlle Besse Desmoulières journaliste au monde intitule un article sur son blog :

« Quand Mélenchon infiltre la campagne de Sanders »

« Elle précise que « Bernie Sanders est la nouvelle coqueluche de Jean-Luc Mélenchon : « L’élection américaine est super importante, confie-t-il. Pour moi, c’est une découverte. Howard Dean, je n’ai rien vu, mais Bernie Sanders, j’ai vu. Ça a commencé avec Obama – un président afro-américain, c’est énorme. »

M. Mélenchon a voulu percer ses secrets de fabrication. Il a donc envoyé l’une de ses proches, Sophia Chikirou[7], qui était son attachée de presse lors de la campagne de 2012, en mission aux États-Unis. Son but : participer à la campagne de Bernie Sanders. Partie il y a un mois et demi, elle a d’abord atterri à Miami où elle a pu, explique-t-elle, intégrer le staff du candidat grâce à John Rick MacArthur[8], un Franco-Américain président de la célèbre revue Harper’ s Magazine. « J’ai dans un premier temps choisi de voir comment la campagne se passait au niveau local, indique celle qui officie désormais comme conseillère de M. Mélenchon. Porte-à-porte, phone banking, texting, facebooking : j’ai participé à toutes les actions militantes de terrain. »

« Vote révolutionnaire »

« Direction ensuite New York afin de voir une autre réalité, notamment celle de Brooklyn où « la population est à la fois bobo et immigrée, ou descendant d’immigrés ». « Je me mêle à toutes les actions militantes, me focalisant sur la base pour comprendre comment on prend la décision de voter pour un candidat ‘radical’, ‘outsider’, ‘donné perdant par les médias’, raconte Sophia Chikirou. Je veux comprendre comment on passe d’un vote social-démocrate à un vote révolutionnaire. Le fractionnement du Parti démocrate dans le fief d’Hillary Clinton, à New York, est particulièrement révélateur de la puissance du discours de vérité de Bernie Sanders. »

La jeune femme se rendra enfin en Pennsylvanie, un État plus rural. « Avec ces trois États, j’aurai une vision très précise des mécanismes à l’œuvre pour que le rejet du système actuel, financiarisé et déshumanisé, se traduise par un vote de changement radical, ajoute-t-elle. C’est ce qui nous avait manqué en 2012, c’est ce que nous devons réussir en 2017 pour passer devant le candidat du gouvernement et être au second tour. »

Communication directe

« Après quelques semaines sur place, elle en retire déjà des enseignements notamment sur la capacité de Bernie Sanders « à rester focalisé sur ses thèmes de campagne et à imposer ses propositions dans le débat ». « Il ne se défait jamais de son programme et évite les polémiques », note-t-elle. Sophia Chikirou compte également s’appuyer sur la façon dont le sénateur du Vermont se sert du numérique. « L’utilisation des mails et des contacts directs avec les sympathisants (via les réseaux sociaux ou le téléphone) est d’une efficacité redoutable, constate la conseillère de M. Mélenchon. Une communication directe qui permet de mobiliser des millions d’activistes isolés pour un même objectif. L’idée est, par exemple, de dire : passons 2 millions d’appels téléphoniques en un week-end à New York. »

« Un point commun relie déjà les campagnes des deux hommes : l’utilisation d’une plateforme Web interactive. Si M. Sanders utilise Blue State Digital, un concurrent de Nation Builder choisi par M. Mélenchon, le principe est le même. Cet outil propose d’« appuyer » la candidature de son champion en laissant ses coordonnées – ce qui permet au staff de campagne de se constituer un fichier de contacts –, de créer des « groupes d’appui » locaux qui sont autant de relais sur le terrain, de laisser des idées pour le programme ou encore de faire des microdons. De quoi amasser un véritable trésor de guerre. Avec jlm2017.fr, celui qui veut incarner la « France insoumise » revendique près de 100 000 soutiens, 900 groupes d’appui et assure avoir récolté, au 31 mars, 200 000 euros »[9].

Aujourd’hui il y a plus de 1400 groupes d’appui en France et lors de réunions du groupe avec mes co-insoumis au Havre nous nous posions alors la question sur cette organisation anonyme. Encore plus lorsqu’au mois d’août la caravane des insoumis est venue au Havre pour faire œuvre de travail social surtout auprès d’une population démunie et des abstentionnistes (inscription sur les listes électorales, conseils sur démarche sociales, chômage, formation, etc.). Le programme de celle-ci était déjà élaboré de Paris sur des points de visites urbaines et des alentours. Il a fallu plusieurs courriels insistants afin que ce programme soit suivi de notre avis, par exemple de ne pas intervenir à Gonfreville l’Orcher afin de préserver le maire communiste que nous estimons politiquement.

Lors d’autres réunions, nous évoquions souvent le fait que cette organisation des insoumis ressemblait à un centralisme parisien où nous n’avions rien à dire. À aucun moment, nous-mêmes, mais à ce que je sache aussi les autres groupes de la France, par un délégué.es n’ont été sollicités à la participation de cette organisation avec impossibilité de communiquer horizontalement entre les groupes. Nous ne nous connaissons pas !!! Tous les soutiens de JLM17 qui ont donc contribué à la démarche, ne l’ont fait que de façon numérique ; ce qui n’a permis aucun échange et dialogue physique, vivant, base d’un militantisme social, républicain, politique.

La caravane et la convention de Lille du 15 et 16 octobre 2016

Le passage de la caravane au mois d’août fut le seul contact physique avec trois militants, rémunérés par le « staff on Line »[10] de Paris. J’eu un échange presque musclé avec l’un des jeunes, sympathique au demeurant, pensant connaître toute la vérité sur la vie sociale et politique. « Tu m’as l’air bien formaté », lui dis-je. Et effectivement, il l’était non seulement par le staff, mais aussi par sa deuxième année de science Po. En résumé aucun échange physique, aucun débat avec les dirigeants sur l’organisation.

Ce questionnement sur l’organisation numérique du mouvement a eu son apogée lors de la convention du 15 et 16 octobre à st André les Lille à la Halle de la filature. Je m’étais inscrit sur le site à tout hasard sachant que les participants à ce week-end, soit 1000 personnes, seraient tirés au sort, soit un quota de sondage. Je gagnai une pochette surprise, je participai ! Encore content et heureux d’assister à cette manifestation et malgré que du Havre j’étais en vacance à Menton, je réservai un aller/retour avion Nice-Lille et deux nuits d’hôtel pour arriver la veille, le vendredi 14. On m’invite quelques jours auparavant, toujours par courriel à intervenir 5 min maximum lors de cette convention sur un sujet de mon choix. Je propose le thème de la constituante, entre autres, avec en introduction un compte rendu des réflexions de mes amis du groupe. Avec enthousiasme, je rédige alors deux pages en terminant sur ce sujet qui me tient à cœur.

La veille de la convention, je prends l’avion et suis arrivé la veille à Lille. Le lendemain à mon réveil, je consulte mes courriels et à ma grande surprise, un message de JLM17, envoyé à 2 heures 10 du matin m’annonce que je n’interviendrai pas, car « Nous n’avons malheureusement pas pu retenir ton intervention : les contraintes matérielles ne permettant pas de répondre favorablement aux 150 propositions, nous avons du sélectionner les interventions à partir des critères permettant d’assurer le bon équilibre de nos travaux (parité obligatoire, variété des thèmes abordés, motivation exprimée, etc.)

Pour autant, nous sommes très attachés au fait que l’ensemble des insoumis.e.s qui le souhaitent puisse s’exprimer. C’est pourquoi nous avons installé dans le village militant deux cabines de vidéomaton qui permettront à chacun.e d’entre vous d’enregistrer votre intervention en vidéo. Nous vous invitons à vous y rendre dés votre arrivée à la convention.

Certaines de ces vidéos seront diffusées au cours de nos travaux et l’ensemble de celles-ci sera mis en ligne sur le site de la Convention pour contribuer à notre réflexion collective. »

Déçu dès mon arrivée, je demande à un jeune portant un badge « Organisation » quelles sont les causes réelles de ma non-intervention en lui disant les efforts que j’avais faits pour être présents ce jour. Me demandant mon nom, il s’en va voir derrière une porte où se trouvaientt les responsables. Revenant cinq minutes plus tard, il me récite presque mot à mot le texte du courriel reçu de bonne heure le matin.

L’organisation de la convention

Lors de cette arrivée du samedi après-midi, je fus choqué aussi par l’organisation que je trouvai sur place. Après le passage d’office au scanner de sécurité obligatoire à l’entrée du Hall des filatures, l’accueil passe par la remise d’une doc et le tirage au hasard d’une fiche pour son emplacement dans la salle. L’on me remet un badge à accrocher à mon vêtement pour le passage de portes de salles à d’autres. Je le garde dans ma poche, car je n’apprécie pas ce double contrôle. Malgré les injonctions du début d’agrafer cet objet par le service d’ordre bénévole, je le sors de ma poche à chaque franchissement d’endroit. Cela me rappelait, quand j’étais plus jeune, un week-end en 1971, le « meeting » de l’OCI à Paris avec Pierre Broussel, alias Pierre Lambert, où déjà le tout vidéo de surveillance était de vigueur.

Et là en ce début d’après-midi, surprise, la salle avec une scène circulaire au milieu et des tables rondes tout autour pour asseoir les mille insoumis. Avec mon petit papier tiré au hasard, je me retrouvais à une table au bord de la scène. Commence alors un « show » télévisuel et numérique digne des meilleures émissions tv. Un « timing » à la minute près, une organisation et une mise en scène digne d’un P.T. Barnum. Un outil médiatique d’intégration du public présent….., grave ! Tous les insoumis présents sont devenus des spectateurs obligés.

Ils sont tous soumis aux messages et vidéos dont ils sont inondés, qu’ils doivent entendre et voir. Par témoignage vidéo, ils entendent des propos sociaux tire-larmes d’un coté, de l’autre une harangue virulente sur les OGM où il ne manque en fin de discours que la recette d’explosif pour faire tout sauter. Toute l’après-midi est plus ou moins à l’avenant. Le seul petit moment d’échange physique sera, et encore, sur la réflexion demandée de 10 priorités, propositions phares pour la campagne présidentielle issues du préprogramme élaboré à partir des propositions des insoumis sur le site JLM17 ; quoiqu’un sondage est effectué en même temps auprès des internautes du site.

En résumé une mise en scène couplée à un institut de sondage maison et numérique pour capter toutes les propositions avec régie de spectacle numérique et vidéo et tractée par le « staff » de Mélenchon. Aucun débat, pas d’échange d’idées, un « show » médiatique à l’américaine où le contrôle politique est l’affaire d’une direction qui s’approprie le savoir du peuple des insoumis pour faire campagne avec eux ou sans eux. Le dimanche matin Mélenchon faisait une allocution reprenant le tout. Quid de la démocratie interne ? Mais une sublime manipulation professionnelle de l’opinion aux critères de capitalisation des idées du peuple à l’américaine ! Oui !

Le timing du show

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Page que la régisseuse de spectacle a oubliée sur une table et que j’ai récupérée

Texte que je voulais présenter à cette convention.

A) Compte rendu des questions du groupe du Havre à l’adresse de notre candidat :

– Petit rappel : Le havre est la ville qui a porté le plus haut la bataille contre la loi travail ;

– sur la jeunesse, notre candidat aurait dit dans un média qu’il s’intéressait moins aux jeunes qu’à d’autres classes d’âge ;

– il n’est pas assez attentif à ses réponses aux médias, ce qui choque parfois les électeurs ;

– d’autres personnes devraient aussi parler de la France insoumise ;

– il faut faire attention au punching-ball médiatique qui peut se transformer en piège ;

– s’il a des lacunes sur un sujet qu’il le dise et qu’il aille chercher l’info ;

– Programme : ses propositions aux médias, ça sort d’où ?

– Il doit être à l’écoute. C’est lui qui doit être au service des insoumis et non l’inverse ;

– mettre en valeur le travail des insoumis sur le terrain et qu’il pense à être leur porte-parole.

B) Propositions personnelles

Moyens et réformes importants pour notre programme auprès des citoyennes et citoyens de l’arc républicain, à mettre en place de suite après l’élection, si M. Mélenchon est élu :

1) Pour réduire l’extrémisme de tous bords : Favoriser la conscience et spiritualité laïque et l’honneur de la Patrie à l’école primaire, dans le secondaire et l’Université.

2) Mettre en place un Ministère de l’Éducation populaire et du travail social pour donner les moyens à « l’animation socioculturelle et au travail social » de reconquérir tous les quartiers de nos villes.

3) Mettre en place un service emploi formation autour d’une économie circulaire par pays et régions en priorité dans les quartiers de villes où le chômage atteint des sommets. Obligation légale sera faite aux entreprises des bassins d’emplois d’investir dans cette économie en fonction de leur chiffre d’affaires. Nous sommes dans un pays riche et nous avons tous les moyens pour mettre en œuvre ces solutions qui doivent dépasser les clivages politiques.

4) Le système de santé en France s’est déstructuré en un système à deux vitesses l’un marchand, l’autre « médecine cour des miracles ». Il doit être revu de fond en comble : médecine libérale, secteur 1 et secteur 2, contrôle des paiements à l’acte, médecine hospitalière (manque 30 % de postes de médecins), revenus des médecins, désert médical. L’ordre des médecins est un ordre archaïque et extrémiste, sa transformation en association sans droit régalien comme aujourd’hui doit être un devoir. L’État doit avoir un contrôle complet sur la médecine pour une politique démocratique de soins et de santé.

5) Concernant la constitution que nous appelons de nos vœux, avec mes amis de l’association pour une constituante crée après le déni de démocratie du référendum en 2005, il nous faudra faire participer tout le peuple, je dis bien TOUT LE PEUPLE. Aujourd’hui le mouvement « communes citoyennes » se met en place. Nous demandons que dans chaque commune des cahiers d’exigences avec propositions et non de doléances soient rédigés dans toutes les mairies et que soient élus par commune ou communauté de commune des délégué(e) s de l’arc républicain pour travailler à cette constituante. Exclure des ces délégué(e) s, nonla politique, mais toutes celles et tous ceux qui font profession de la politique, en poste ou non. Former ces délégués au droit constitutionnel par cette éducation citoyenne et populaire que j’appelle aussi de mes vœux. Seule éducation qui au coté de l’éducation nationale peut nous sortir du « décervelement » en cours depuis plusieurs décennies au service du système marchand, politique, économique, philosophique et sociologique que beaucoup oublien de nommer : le capitalisme.

J’ai aussi relevé que l’ensemble des propositions du préprogramme des insoumis est la reprise des idées générales et propositions du candidat dans son livre réédité en janvier 2016, « L’ère du peuple » édité et réédité à plusieurs milliers d’exemplaires avant la France insoumise d’où une orientation idéologique qui deviendra celle des insoumis. Dans ce pré-programme si l’on parle de culture, nulle part je n’ai lu les mots « éducation populaire ou citoyenne » qui devraient être l’apanage de tout le peuple de France pour en faire des citoyennes et citoyens de la république au-delà des partis.

Par contre sur le site du Parti de Gauche Midi Pyrénées dés le 16 septembre 2017 on retrouve cette notion dans l’université populaire intégrée au mouvement : « La France insoumise est l’outil d’une campagne populaire et instructive. Il ne s’agit donc pas de rassembler des supporters, mais bien de fédérer une force collective, instruite, populaire et déterminée au service d’une société plus juste. Nous défendons donc l’émancipation individuelle et collective à travers le partage des savoirs et des connaissances. C’est pourquoi nous lançons en cette rentrée scolaire les Universités Populaires de la France insoumise. Elles proposeront à l’ensemble des insoumises et des insoumis des débats, des séances de formation ou des séminaires de travail pour aider chacun-e à mieux comprendre le monde et, ainsi, à mieux agir pour le transformer. » (http://www.jlm2017.fr/universites_populaires)

C’est ce qu’ont fait tous les partis politiques à la sortie de la guerre 1940/45, fabriquer leur propres adhérents-citoyens pour leurs appareils électoraux quand le but de l’éducation populaire est « une éducation du peuple par le peuple et pour le peuple ». Cela pour que ne se reproduise pas l’avilissement de la jeunesse par la pseudo éducation de Vichy au service de l’Allemagne nazie et des futurs et actuels intégrismes.

Évolution, régression, intégration

Le parti communiste a tenu sa conférence nationale le samedi 5 novembre pour ou contre le soutien à Mélenchon. Les 535 délégués à la conférence ont, à 55.7 % de suffrage exprimé, décidé de ne pas rallier Mélenchon. Les 24, 25 et 26 novembre 2016 les 50.000 adhérents du PCF devront se prononcer et auront le dernier mot sur le soutien ou non à JLM17. Une leçon de démocratie pour le Mvt France insoumise. La journaliste Raphaêlle Besse Desmoulières, dans un article du monde du 8 novembre 2016 constate : « Quant à Alexis Corbière, (porte parole de JLM), il ne semble pas pressé de voir le PCF, en tant que corps constitué, rejoindre leur campagne. Il rappelle le ras-le-bol de français envers les formations politiques et la volonté de son champion de créer avec la France Insoumise un mouvement qui ne soit pas un cartel de partis : il y a gronde avec les appareils politiques. Regardez ce qui est arrivé à Mme Duflot et ce qui se passe au PCF  et de conclure : « pour aller chercher les dégoûtés, on ne le fera pas avec les dégoûtants. »

De tout temps l’insulte et le machiavélisme sont l’arme des névrotiques du pouvoir pour accéder à la fonction qu’ils croient suprême.

Autrement le staff de Mélenchon, sans en avoir soumis l’idée aux insoumis a pondu une charte que doivent signer les candidats pour les législatives. Selon un courriel reçu après interrogation sur cette charte et d’après Mathilde Panot, du national, qui coordonne les groupes d’appui, « la charte a été établie suite à la cogitation 3 à la convention, au retour de sms des participants à distance, ainsi que des discussions dans les espaces politiques et des luttes (qui sont les lieux où des membres de FI, de divers horizons, discutent au plan national) » Présent à cette convention avec deux autres insoumises, je n’ai jamais entendu parler de cette cogitation. Drôle, non ? J’étais sans doute ailleurs. Une autre insoumise dit y avoir participé : « Si ! Il y a bien eu une cogitation 3 ! Mais, nous étions tous fatigués et plus grand monde autour des tables (2 à la mienne et le Monsieur resté avec moi… plus très opérationnel ! »

Si je me suis inscrit comme insoumis dans ce mouvement dès le début ce n’est pas pour me ficeler et ficeler les futurs candidats aux législatives par une charte qui nous oblige à nous soumettre à une discipline d’entreprise électorale politique. Je suis un insoumis et comme nombre d’insoumis, je le suis aux politiques menées depuis plus de 40 ans. Je ne suis pas un dégoûté, mais un homme politique de progrès, un rebelle aux appareils politiques non rénovés, un révolté contre les professionnels de la politique. Comment peut-on vouloir nous faire signer une charte quand le nom même du mouvement est une antinomie à toute charte ? On sait aussi que tout candidat de parti une fois élu est obligé d’être dans la discipline du groupe parlementaire. S’il est honnête à la base, petit à petit, malgré ses désaccords, il sera obligé de suivre la ligne de son groupe, de se trahir et de trahir ses électeurs. Il mentira et petit à petit, sans s’en rendre compte il fera partie de cette classe de professionnels de la politique qui ne respectent pas leurs promesses. C’est une perversion du système électoral et de représentation historique de la France. Dans la forme et la structure et non le contenu politique qui est nôtre (les insoumis de toute la France) le staff de Mélenchon sous ses ordres nous impose subrepticement une structure de parti politique qui devient à son tour dégoûtante.

Mélenchon et l’Europe

De plus, la position de Mélenchon sur l’Europe n’est pas claire. En chapitre 4 du Programme de la France insoumise, Mélenchon en entête précise sa pensée : « l’Europe de nos rêves est morte », lui qui avait milité pour Maastricht en 1992. en se présentant aujourd’hui à la magistrature suprême, il propose de « sortir des traités européens ». Mais pourquoi ne pas dire tout simplement « sortir de l’UE » ? Car « s’affranchir du traité de Lisbonne » ne veut strictement rien dire, celui-ci étant totalement intégré aux traités européens. De plus l’Europe étant composée de 27 nations différentes, jamais il n’y aura accord pour son plan A : « L’Europe on la change ». Pourtant il sait pertinemment en tant qu’euro député que depuis des lustres d’autres ont voulu « changer », « infléchir », « réorienter », « refonder » l’Europe… Sans autre résultat que de soumettre toujours plus les peuples au carcan communautaire.

En cas d’accord, le programme propose un référendum. Mais ne sait-il pas ce que cela veut dire en trahison et tricherie contre les Peuples d’Europe et France avec Maastricht en 1992 et le traité de Lisbonne en 2005.

Quant au plan B en cas d’échec des négociations, le programme ne propose pas la sortie de l’UE ou de travailler à une Europe de coopération des Peuples associés.

« Admettre ses erreurs, c’est bien ; en tirer les leçons, ça serait mieux. Faute de quoi, la candidature Mélenchon risque de s’avérer plus dangereuse que toutes les autres, car elle peut réanimer des illusions que MM. Hollande, Juppé, Sarkozy et consorts ne sont plus capables – et c’est tant mieux – de porter.

Par son refus d’énoncer un objectif facilement intelligible par tous – « Frexit veut dire Frexit » pour paraphraser nos amis anglais – le vote proclamé « insoumis » pourrait bien, fût-ce involontairement, apporter une nouvelle caution « de gauche » au principe de l’intégration. Et constituer ainsi l’ultime roue de secours de Bruxelles en déroute. »[11]

En France, c’est notre système de représentation et de délégation de pouvoir qu’il faut changer, le rendre plus démocratique pour l’ensemble des citoyennes et citoyens de l’arc républicain. Je pensais que cette candidature jlm17 à l’élection présidentielle et le M6R (Mouvement pour une 6éme République) pouvait accélérer la mise en place d’une nouvelle constituante. J’ai été induit dans l’erreur. Comme tant d’autres, j’ai été victime d’une aliénation médiatique d’un culte de la personnalité. Quand ces dirigeants de JLM17 et M6R ne veulent que d’anciens élus nationaux et européens comme délégués pour cette constituante, soit des professionnels de la politique, c’est déjà biaisé dès le départ.

Aujourd’hui, pour sortir du piège de la dette et de la vassalisation de la France à l’Europe germano-américaine et à l’OTAN, à la finance internationale sous hégémonie états-unienne, il nous faut rétablir notre indépendance politique et économique. Dans cette perspective, avec mes amis, nous proposons la mise en place d’une Assemblée constituante élue au suffrage universel avec des délégué.es issue.es du peuple, sans exclure la politique, mais les professionnels de la politique. Pour amorcer et développer une réflexion et une dynamique vers cette Constituante et pour une République inédite, un compromis historique et l’Union du Peuple de France doivent être recherchés. Ils permettront de construire un large consensus en ce qui concerne l’élaboration et la transformation par les citoyens des institutions de la République et de leurs contenus et ainsi réinventer une véritable démocratie.

Et pour rigoler voici  France….. à soumettre.

 


[1]Comment résister aux lois Macron, El Khomri et Cie, édition le vent se lève, avril 2016

[2] https://youtu.be/Hd_PIJnDMY8?list=PLmvbRi37dHo83pbtzklkykr4xbqhqRDfh

[3] https://legayarmand2014.wordpress.com/?s=l%27expertisme&submit=Recherche

[4] https://www.m6r.fr/2015/02/lettre-de-jean-luc-melenchon-aux-partisans-dune-6e-republique/

[5] http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/nous-etions-a-la-conference-de-presse-du-mouvement-pour-la-6e-republique-m6r/7398231

[6] http://www.europe1.fr/politique/melenchon-fabius-s-interroge-1013231

[7] C’est avec Laurent Fabius qu’elle se forme à la chose publique début des années 2000.

[8] http://frenchmorning.com/rick-macarthur-linfluent-ami-du-livre-francais/

« Rick » MacArthur a un arbre généalogique bien fourni. Son père John Roderick était un philanthrope célèbre, son grand-père John un homme d’affaires milliardaire qui a donné son nom à la prestigieuse fondation MacArthur, et son grand-oncle un metteur en scène à succès.

[9] http://gauche.blog.lemonde.fr/2016/04/20/quand-melenchon-infiltre-la-campagne-de-sanders/

[10] La notion de staff on line, appelée aussi organisation (ou structure) hiérarchico-fonctionnelle, est une théorie sociologique, politique et économique, notamment utilisée en management des organisations, selon laquelle dans toute organisation complexe, il existe la voie du line, système fonctionnel et hiérarchisé sur un modèle pyramidal, et l’existence d’un staff, état-major sous l’autorité d’un chef, qui conseille les cadres du line, supervise et coordonne leur activité et leur impose les décisions stratégiques. Pour obtenir une carrière optimale, selon la théorie, il convient principalement d’accéder au staff avant d’être nommé dans le line, et faire des allers-retours entre ces deux entités. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Staff_and_line)

[11] https://www.legrandsoir.info/les-dangereuses-ambiguites-de-jean-luc-melenchon.html